Géré durablement, le bambou empile ses atouts

Symbole de plénitude et de nature, le bambou est utilisé depuis des siècles en Asie pour la construction de maisons....

Habitat - EchoBio Novembre Décembre 2011Symbole de plénitude et de nature, le bambou est utilisé depuis des siècles en Asie pour la construction de maisons. Aujourd’hui, il répond à de nombreuses applications dans le bâtiment, de l’artisanat traditionnel aux produits industrialisés.

Le bambou est l’une des plantes les plus anciennes et les plus fascinantes. Il fait partie intégrante de la vie de bon nombre de familles asiatiques. Solide, écologique, il offre bien des avantages et trouve de nombreuses applications dans la maison. Un fabricant français de casques de moto l’a même utilisé pour réaliser un nouveau modèle high-tech offrant toutes les garanties de protection contre les chocs.

Croissance rapide

Le bambou fait partie de la famille des poacées. Il en existe plus de 1 200 variétés. Présent naturellement sur tous les continents, à l’exception de l’Europe et de l’Antarctique, il se développe à partir de rhizomes souterrains. La production est très avantageuse car les cannes peuvent atteindre dix mètres de hauteur et s’accroître d’un mètre par jour sous certains climats. L’analyse du cycle de vie, publiée dans une étude de l’université des technologies d’Eindhoven (Pays- Bas), en 2004, a démontré que la tige de bambou, même lorsqu’elle est utilisée en Europe occidentale, représente la meilleure alternative écologique à l’acier, au béton et même au bois. Ces performances environnementales s’expliquent d’abord par la structure creuse de la plante, beaucoup plus efficace qu’une section massive rectangulaire. À fonction égale, la masse de matériau à utiliser sera ainsi beaucoup moins importante avec du bambou. La deuxième raison est la simplicité et la rapidité de sa production. Cultivé sans engrais ni pesticides, son cycle est extrêmement court. Ses propriétés mécaniques sont atteintes à partir de 3 ou 4 années seulement après la plantation au lieu de plusieurs dizaines d’années pour les bois durs. Le bambou représente ainsi une alternative à l’exploitation intensive de bois tropicaux.

Énergie restreinte

Après récolte, les tiges de bambou sont séchées à l’air libre en quelques mois. Le peu d’énergie nécessaire à sa production et à son

Exemple d’habitat traditionnel laotien présenté à la bambouseraie d’Anduze.

utilisation permet ainsi de compenser la consommation énergétique liée au transport. Cependant, malgré la mise en place de labels, les conditions de culture du bambou sont encore difficilement vérifiables tant sur le plan environnemental qu’humain. “Les conséquences de l’exploitation du bambou dans certains pays comme la Chine peuvent être désastreuses, regrette Simon Crouzet, directeur de la pépinière de la bambouseraie de Prafrance à Anduze, dans le Gard. Toutefois, elle reste encore préférable à celle de bois exotiques comme le teck. D’autres pays d’Asie ou d’Amérique centrale s’inscrivent dans une démarche de développement durable mais là encore, les conditions d’exploitation sont difficilement vérifiables.”

Des maisons solides

partie de l’habitat contemporain grâce à quelques architectes passionnés tels que Simon Velez, aux États-Unis. Son faible poids, sa résistance et son élasticité en font un excellent matériau de construction, doté d’une résistance aux séismes. “Une structure en bambou peut facilement résister plusieurs dizaines d’années si elle est convenablement entretenue et en remplaçant, au besoin, les éléments détériorés, estime Simon Crouzet. La réussite d’un projet dépend de la qualité de la variété, de la plantation, du moment de la récolte ou encore du séchage des cannes”. Les expériences de construction de maisons en bambou en Occident restent toutefois exceptionnelles. L’efficacité des traitements traditionnels (trempage dans de l’eau froide ou chaude pendant un mois, cuisson) n’est, par ailleurs, pas avérée. Les traitements chimiques, habituellement utilisés pour les bois de construction, sont plus efficaces. Mais ils nuisent à l’écobilan du matériau.

Pour fabriquer un parquet en bambou massif, l’écorce verte est retirée dès la récolte. Les cannes de bambou sont ensuite coupées longitudinalement. Les bandes ainsi obtenues sont poncées, calibrées et triées selon leur longueur et leur épaisseur avant d’être traitées thermiquement contre les insectes et les champignons. Elles sont alors assemblées puis collées à haute pression et à haute température avec une colle répondant à la norme E1 limitant l’utilisation de solvants. Les parquets massifs contrecollés se présentent sous différentes formes. Le parquet est dit “horizontal” lorsque les lamelles de bambou sont placées côte à côte et encollées les unes aux autres sur leur champ le plus fin. Ainsi, les noeuds de croissance sont plus visibles. Ce qui confère un aspect particulier au parquet. Le parquet “vertical” présente un aspect plus linéaire. Les lamelles de bambou sont assemblées sur champ puis encollées les unes aux autres. L’aspect “Navy” ou “pont de bateau” est une variante du type vertical particulièrement apprécié pour les pièces d’eau.

Des échafaudages résistants

Le bambou est également utilisé en Asie pour la construction des échafaudages des plus hauts gratte-ciels d’Asie comme le Two International Finance Center de Hong Kong qui culmine à 416 mètres de hauteur. Sa structure creuse et l’absence de noeuds comme il en existe sur le bois le rendent très performant. Les fibres de bambous font également l’objet de recherches dans le domaine de matériaux composites. Elles sont désormais employées en renfort des matériaux soumis à forte dilatation tels que les enduits, les matériaux d’étanchéité conditionnés en rouleaux, les ciments, le plâtre, etc. Des partenariats se nouent aujourd’hui afin de marier différents matériaux végétaux pour des constructions écologiques. Ainsi, les entreprises Bambou Habitat, Développement Chanvre et le bureau d’étude Be3C (de Baud) prévoient la construction d’une première maison d’architecte à ossature en bambou isolée en béton de chanvre sur l’île d’Artz dans le Golfe du Morbihan.Ils offrent une large variété de finitions (huilé, vernis, teinté dans la masse, etc.) et une certaine facilité de pose. Pour répondre aux goûts du jour, les lames se font plus larges.

Large choix de parquets

Le bambou figure désormais parmi les incontournables en matière de parquet. Il offre, en effet, l’avantage d’être à la fois esthétique, original et solide. Il supporte ainsi parfaitement les passages répétés. Certains matériaux peuvent même convenir pour les pièces humides à condition d’être préalablement vernis sur les six faces de chaque lame. Certains parquets en bambou sont également compatibles avec le chauffage par le sol à basse température. Les gammes de prix sont équivalentes au bois massif, entre 25 et 80 euros TTC le mètre carré. Le parquet bambou peut être massif ou fabriqué à partir de cordes de bambou compressé. Les parquets massifs sont les plus solides et les plus durables. Ils offrent une large variété de finitions (huilé, vernis, teinté dans la masse, etc.) et une certaine facilité de pose. Pour répondre aux goûts du jour, les lames se font plus larges.

Commerce équitable

Le bambou est aussi utilisé pour confectionner des meubles, soit dans sa forme brute ou

Côté intérieur, le bambou permet de réaliser un agencement original. Choisissez-le bien sûr sous labels FSC, PEFC ou Rainforest Alliance

à l’aide de panneaux d’aménagement. Composé de 3 à 9 couches de bambou collées en plis croisés, ce type de matériau présente une dureté et une stabilité exceptionnelle. Les panneaux offrent un vaste choix d’aménagement intérieur (cuisine, salle de bains, dressing, etc.). Ils doivent ensuite être huilés ou vernis. Il existe, pour cela, des vernis à base d’eau, sans solvant, très performants. Cette nouvelle technique de production permet de réaliser du mobilier et des ustensiles très contemporains. Dans une toute autre démarche, certaines entreprises valorisent un savoir-faire traditionnel, selon les règles du commerce équitable. Loin des images de production à bas coût longtemps associées au bambou, les objets sont entièrement réalisés à la main, sans colle ni adjuvants. Matériau en phase avec les attentes actuelles – à condition bien sûr de ne pas arracher des forêts pour en planter –, le bambou n’a pas dit son dernier mot !

Philippe Guibert

En savoir plus :

La bambouseraie de Prafrance à Anduze : visites du parc toute l’année pour découvrir les différentes variétés de bambous et leurs applications. www.bambouseraie.com

De nombreux documents sur la construction en bambou et ses aspects écologiques sont disponibles sur : www.bambouhabitat.com.

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