La bio bretonne espère un nouveau souffle

En Bretagne, le nombre d’exploitations agricoles classiques a chuté d’un tiers en 10 ans. En revanche, l’agriculture bio, elle, continue...

En Bretagne, le nombre d’exploitations agricoles classiques a chuté d’un tiers en 10 ans. En revanche, l’agriculture bio, elle, continue de gagner du terrain : + 85 % de fermes bio et des surfaces qui doublent entre 2002 et 2012.

Combien de fermes bio en Bretagne ?

Selon les derniers chiffres de la Fédération régionale des agriculteurs biologiques de Bretagne pour 2012, une ferme sur 20 pratique l’agriculture bio, soit 1770 exploitations. Au total, la bio représente à peine 4 % de la surface agricole bretonne. La région se retrouve en 10e position par rapport à ses consoeurs, les leaders étant Provence Alpes Côtes d’Azur (14,3 %), Languedoc-Roussillon, Corse, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées.

Du lait et des légumes

La réputation laitière de la Bretagne n’est plus à faire, tout comme celle en culture légumière. Presque 900 fermes se consacrent, à parts égales, à l’élevage de bovins laitiers et au maraîchage. C’est dans ce dernier secteur que le nombre de nouvelles fermes est le plus important en 2012 : 45 !. Pour l’essentiel, ces créations servent de locomotive au développement de la bio. Les grandes cultures aussi choisissent la bio, avec 22 fermes qui ont converti leurs pratiques en 2012. Elles cultivent principalement des mélanges céréales-légumineuses ainsi que du blé tendre et du sarrasin.

Donner un nouvel élan

Or ,cet élan se tasse ; on observe moins de nouvelles fermes bio, qu’il s’agisse d’installations ou de conversions aux méthodes bio.

En mai 2013, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a présenté le programme Ambition bio 2017 qui vise un doublement des surfaces bio entre 2012 et 2017. À l’échelle de la Bretagne, pour que cette annonce soit réalisée, il faut convertir 13 000 hectares par an. En 2012, il n’y a eu que 6 500 hectares supplémentaires en bio ; le challenge 2017 est donc à relever. Et le soutien politique indispensable pour y arriver.

Chiffres clés 2012

-1 770 fermes bio et en conversion vers la bio

– En moyenne, une ferme bio emploie 1,8 personne (équivalent temps plein)

– 64 490 hectares bio

– 148 nouvelles fermes bio

– 60 arrêts

La Bretagne sur le podium

1ère région française

  • en légumes bio
  • en œufs bio

2e région française

  • en lait bio

7e région française

  • en nombre de fermes bio

Source : Frab, Fédération régionale des agriculteurs biologique de Bretagne.

2 questions à Michaël Despeghel, chargé d’études observatoire

En 2012, on observe 148 nouvelles fermes mais 60 arrêts. Comment l’expliquer ?

On estime que la grande majorité des arrêts est due à des départs en retraite ou à des réorientations professionnelles.

Un départ en retraite peut entraîner d’abord un arrêt, puis une création si la structure est reprise et change de nom. Il y a aussi le cas où Monsieur est agriculteur à titre individuel, Madame aussi ; les 2 peuvent stopper leur activité pour créer un Gaec, une structure commune, ce qui donne lieu à 2 arrêts et 1 création.

Certains agriculteurs ne sont plus certifiés bio pour des raisons de débouchés, ceci dit, on ne note pas plus de 5 déconversions sur le total. Faute de repreneurs en bio, certaines terres bio viennent agrandir les surfaces d’exploitations en conventionnel.

Pourquoi les installations ou les conversions baissent depuis 2010, année d’un pic ?

De 2009 à 2010, le développement de l’agriculture bio en Bretagne a été porté par des installations en légumes et des conversions en ferme laitière.

Durant cette période, il y a eu un gros boom de la production laitière. Le temps d’absorber ces volumes, les laiteries ont levé le pied, mettant sur liste d’attente les éleveurs qui souhaitaient passer en bio. De fait, le moteur de la conversion laitière s’est complètement cassé en 2012. Imaginez, en 2009, on a recensé 90 conversions en bovin lait, mais seulement 13 en 2012.

Aujourd’hui, on manque de lait bio en Bretagne et les laiteries le font petit à petit savoir. Déjà, nous observons quelques conversions de la part d’éleveurs qui attendaient que l’horizon se dégage. Espérons qu’ils seront suivis par un grand nombre.

Propos recueillis par Gaëlle Poyade

Graphiques et tableaux

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