Vacances écolo : bienvenue… en France

Guetter, le souffle coupé, la présence d’un chamois, fabriquer des pélardons en compagnie de Cévenols pur cru ou s’endormir dans...

Guetter, le souffle coupé, la présence d’un chamois, fabriquer des pélardons en compagnie de Cévenols pur cru ou s’endormir dans un arbre, avec une chouette pour voisine de chambrée… Et si la magie du voyage n’était qu’à quelques heures de train ? En France, les propositions d’écotourisme sont florissantes. Elles concilient approches environnementale et humaine exigeantes, éveil à soi, aux autres et à la nature.

Les parcs naturels nationaux, régionaux, les sites préservés du littoral et les réserves de biosphère, soit au total plus de 60 sites, émaillent le territoire français donnant accès à une nature vivante et riche de diversité.

Protection de la nature et implication de la population locale sont les deux piliers de l’écotourisme. Une attitude responsable qui garantit la pérennité de l’activité touristique, baptisée alors “durable”. Hélas, faute de label fédérateur s’appuyant sur une charte pointilleuse, les catalogues ont tendance à verdir très facilement au soleil. Si l’on exclut les initiatives individuelles fourmillantes mais difficiles à identifier, les réseaux Ates (Association pour le tourisme équitable et solidaire) et ATR (Agir pour un tourisme responsable) semblent être les seuls à s’engager sur ces deux aspects, et avec eux, la quarantaine de membres adhérents, tous professionnels du voyage.

Au centre de la Terre

Pour percer cette nature sans la modifier, rien de tel qu’un mode de déplacement discret, à commencer par la marche à pieds. Une bonne carte IGN, ou un GPS, ainsi qu’un passage au Syndicat d’initiatives suffisent pour appréhender le parc du Mercantour ou débusquer l’aigrette sauvage du Tech. “S’il est vrai qu’on peut coupler son séjour libre avec la prestation, à la demi-journée, d’un animateur nature dans un parc national, cela n’a rien à voir avec ce que nous proposons, se récrie Philippe Marais, directeur de Saïga. Quand on passe 3 jours à temps complet avec un guide, on est dans une tout autre dynamique”. Bivouac et nuit à la belle étoile, rencontre avec un apiculteur de montagne, tapis d’orchidées présentées par un botaniste… autant de vibrations permises par des “révélateurs de nature”. En outre, loin de vouloir par trop encadrer leurs hôtes, les écovoyagistes cultivent la découverte par soi-même. Certains le revendiquent même comme un objectif. L’Office national des forêts (ONF) met par exemple à la disposition gîtes, cabanes et accompagnateur pour parcourir une région. Cet été, le plateau des Millevaches, en Limousin, et la réserve domaniale du Mont-Valier en Ariège, s’ajoutent au catalogue Retrouvance, spécialiste de la randonnée itinérante.

Excursionner et composer avec ce que la nature offre, tel est le pari de Stéphane Poix, accompagnateur en montagne à Sost, dans les Pyrénées. En itinérance à pied, il s’agit de s’approprier les savoir-faire essentiels (orientation, cuisine des plantes, bivouac, pain…) pour exister seul au sein d’un milieu sauvage. Ce stage est programmé par Savoir-faire et Découvertes au côté de la tonte du mouton, la technique de la mosaïque, les enduits chaux-chauvre ou encore la confection de bière artisanale à l’anglaise, soit une centaine d’idées au total !

Si la consultation du site d’Af3v est bien pratique pour repérer voies vertes et véloroutes de l’Hexagone, on peut aussi faire confiance à Ekitour, spécialiste de l’excursion à vélo. À la Ferme d’En Goût, dans le Tarn, les roulottes ne sont pas plantées au milieu d’un champ. Rênes en main, on découvre le paysage au rythme lent du cheval, tout en profitant d’un coin nuit douillet. Cheminer avec des poneys, des ânes et pourquoi pas des lamas ? Le voyagiste Chamina, basé en Lozère, garantit des rapports cordiaux entre l’homme et l’animal. N’en déplaise au capitaine Haddock !

Précurseur dans le secteur de l’écotourisme, Saiga fut l’un des premiers à faire partager, dans la Brenne (au sud de Châteauroux), et à l’automne, le brame du cerf. “Grâce à notre partenaire passionné, on pouvait quasiment garantir l’observation en plus de l’écoute”, s’enorgueillit Philippe Marais, le directeur. Les séjours basés sur le retour du saumon dans la Loire ou celui de l’ours dans les Pyrénées redonnent au règne animal un rôle central. En acceptant le caractère saisonnier, et aléatoire, de ce type de rendez-vous, l’homme retrouve une place plus modeste dans l’écosystème, loin des Marinelands et autres parcs artificiels. En revanche, ce qui ne fait jamais défaut, ce sont les émotions. Comme le souligne le fondateur de Diverteo, dont les prestations allient plaisir et écologie, mettre en éveil les sens est une priorité. “On peut avoir de grands frissons en s’immisçant par exemple dans le marais poitevin, assure Nicola Accardo. Promenés en barque, les visiteurs écoutent, absorbés, des histoires liées au passé de ce pays et narrées par des conteurs à la lueur de bougies.” Un moment magique, hors du temps, qui vaut bien certaines sensations extrêmes !

Un concentré d’écologie

Pour se plonger au cœur de la biodiversité et comprendre, en l’espace d’un après-midi, les interactions entre l’homme, la faune, la flore, le climat et le sol, rien de tel qu’une visite dans quelques-uns des centres exemplaires d’agro-écologie en France. Le parc de Terre Vivante, niché au creux d’un vallon de 50 hectares, à 700 mètres d’altitude, accueille, en Isère, tous les amoureux de nature. Jardinage bio, habitat écolo, énergie, gestion de l’eau, alimentation saine…, le centre initie aux gestes simples, parfois astucieux, pour préserver l’environnement. Tout comme le centre des Amanins (lire en encadré), il apparaît d’ailleurs souvent dans les catalogues des voyagistes responsables, comme celui d’Écho de la Terre. Dans la même veine, le Loubatas, centre permanent d’initiation à la forêt provençale (au nord-est d’Aix-en-Provence), réveille les sensibilités éco-citoyennes par son fonctionnement et ses aménagements. Cette prise en main de l’écotouriste n’est pas passée inaperçu dans les bureaux du Comité départemental du tourisme du Morbihan qui a eu l’idée d’un coffret découverte (18 séjours au choix le temps d’un week-end), menant tout droit aux lieux les plus exemplaires en matière d’écologie en Bretagne Sud. C’est l’occasion d’être hébergé à Silfiac, l’un des premiers éco-villages vacances de France, et de tester la baignade dans une piscine naturelle tout en écoutant les explications sur la phyto-épuration. Ou encore, en compagnie d’un moniteur et d’un ornithologue-photographe, de randonner à fleur d’eau, en poussant son kayak au cœur du golfe du Morbihan.

Sous les pavés… la biodiversité

La singularité du catalogue de Diverteo est sans doute la place accordée à la nature… en ville ! Basé à Paris, l’organisateur invite à visiter Montmartre de manière originale. “L’excursion nous amène à passer à côté d’un des deux seuls jardins sauvages de Paris, rapporte Nicola Accardo ; ces espaces naturels sont fermés la grande partie de l’année pour éviter que l’homme ne les modifie. Le samedi entre avril et septembre, ces friches-sanctuaires s’ouvrent au public qui, guidé par des éco-formateurs, découvre un espace vierge. Cela nous permet, de ce point de vue, de mieux observer l’évolution de la ville.”Sur le principe d’un rallye, aidés d’une carte, les touristes s’orientent par eux-mêmes et remplissent un questionnaire pour découvrir des facettes cachées de ce site ultra-fréquenté. L’analyse et l’observation sont indispensables pour percer les secrets du pigeonnier, des moulins ou pour dénicher de petits animaux.

À Gaillac-Toulza, en Haute-Garonne, le gîte de Chaumarty réconcilie l’urbanisation avec l’environnement. Piscine naturelle, récupérateur d’eau de pluie, chanvre à tous les étages… les propriétaires très impliqués dans l’écologie poursuivent volontiers la leçon en proposant un circuit d’écoconstructions dans les alentours.

Des vacances utiles et actives

Plus que les autres, les écotouristes sont en quête de savoirs, voire d’apprentissages, ce qui conduit certains à préférer la formule de l’écovolontariat, nommé aussi tourisme participatif. Des chantiers sur le sauvetage de la tortue d’Hermann dans le Var, la protection du tétras-lyre dans le Vercors ou la surveillance des phoques en baie de Somme sont alors tout trouvés pour répondre à cette envie. Le programme Loupastres, créé en 1998 par l’ONG A pas de loup, vise à favoriser l’acceptation du loup par les bergers grâce à la présence d’écovolontaires. Ces derniers, guidés par des naturalistes, participent sur l’estive à la garde des troupeaux et à la mise en place de mesures préventives. Regroupant 170 associations, Rempart (Réhabilitation et entretien des monuments et du patrimoine artistique) œuvre depuis 1966 pour la sauvegarde du patrimoine. Taille de pierre, maçonnerie, réfection d’enduits ou de peintures murales, aménagements intérieurs, jardins… ces chantiers contribuent à un développement dans des zones rurales en déclin économique. Et parfois suscitent des vocations professionnelles ! Tout comme les séjours organisés par la ligue de protection des oiseaux (LPO) où l’observation des volatiles aide à leur défense. Au programme, inventaire des espèces, compréhension de la migration, opérations de baguage. Dans ce cadre, le volontaire est souvent logé et nourri gratuitement en échange du coup de main. Un critère qui n’est pas sans importance car le prix des voyages responsables joue hélas en leur défaveur.

Vert mais cher

Nombre de vacanciers acceptent mal que ce type de séjour estampillé vert et équitable soit plus cher qu’une semaine en Tunisie. Encore faut-il comparer ce qui peut l’être. Farnienter sur la plage n’a que peu de rapport avec la découverte de l’intérieur d’une région, via sa gastronomie, sa langue, son architecture, etc. Et qui ignore qu’un guide tunisien gagne moins dans son pays que son homologue en France ? Pour rappeler le niveau de vie, le coût du travail dans l’Hexagone, et ainsi montrer la part conséquente attribuée aux acteurs locaux, certains voyagistes jouent la transparence, affichant la répartition des coûts. Libre à chacun également de poser des questions !

Typiques ou atypiques : rencontre avec les habitants

Soyez-en sûrs ! La relation nouée avec un conteur basque, un fauconnier drômois ou une historienne passionnée de châteaux cathares n’a rien à envier au spectacle des derviches tourneurs turcs ! Si la nature sert de cadre – ô combien grandiose –, la rencontre est privilégiée chez Culture Contact. “Nous faisons en sorte qu’un maximum d’argent revienne aux populations locales, explique Alexandre Poirier, le directeur de l’association. 6 % du prix du voyage est par ailleurs reversé pour financer des projets de développement in situ”. Le séjour cévenol, qui entame sa deuxième saison, contribue ainsi, dans une perspective culturelle, à la réhabilitation du temple de Cassagnas, haut lieu du protestantisme. Pour favoriser l’immersion parmi les habitants, le séjour est limité à 6 personnes. Car, comme le défend Nicola Accardo, de Diverteo, “il est impératif d’éliminer cette vision négative du groupe. De plus, quand on en constitue de petite taille, on voit soudain des personnes, des individualités”. Il est alors plus facile de créer un lien humain simple et authentique. “Qu’ils soient cuisinier, éleveur d’Aubrac ou vigneron, toutes les personnes qui nous révèlent leur territoire ont des histoires de vie fortes”, témoigne Alexandre Poirier.

C’est le cas de la famille Klur, à l’origine du réseau Organic Wine Tour. Cette forme d’oenotourisme conjugue agriculture bio, immersion dans un terroir et personnalisation de l’accueil. Situés en Alsace non loin de Colmar, Clément et Francine fabriquent toute la gamme des vins d’Alsace en bio et en biodynamie sur leurs 7 hectares. “En 1994, on a retapé une maison du XVIe siècle, raconte Clément. Cela a été le début d’une diversification professionnelle d’autant que mon épouse a une passion pour la création d’ambiance”. La balade dans le vignoble s’accompagne de cueillette, puis les plantes et fleurs sauvages sont accommodées avec l’aide de cuisinières bio. Un atelier baptisé justement “Tout est bon dans les vignes bio”. “Nous souhaitons rendre les gens sensibles à tout ce qui se mange et qui pousse naturellement sous leurs yeux”, s’enthousiasme le vigneron.

6 % du prix du séjour est reversé

pour financer des projets de développement in situ”.

Alexandre Poirier, Culture Contact.

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L’agro-écologie au coeur des Amanins

Le centre d’agro-écologie des Amanins, étendu sur 55 hectares dans le val de Drôme, comprend une ferme, une école primaire (Le Colibri), des hébergements et une salle de conférences. Bâti pierre après pierre, le centre transmet aux visiteurs les savoirs et l’expérience acquis lors de sa structuration : éco-contruction, fabrication de briques de terre crue, phyto-épuration, énergies renouvelables, compost, toilettes sèches mais aussi confection du pain… Des journées de découvertes, des ateliers participatifs, des séjours ou stages sont autant de formules proposées pour en accroître la convivialité.

Le centre s’appuie sur son activité maraîchère, céréalière, ses élevages ovin et caprin, pour offrir une alimentation saine du “jardin à l’assiette”. À 90 %, la nourriture servie aux visiteurs est produite sur place. Dans la droite ligne de la vision de Pierre Rabhi, son fondateur, le centre est réputé pour son humanisme et la grande place accordée à la coopération au sens large. Au cours de son passage, l’hôte vit au rythme de la ferme et participe à des chantiers divers… pour mieux ramener chez lui des habitudes nouvelles plus respectueuses de la planète.

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Salon du tourisme responsable

Le 3 juin se tient la 8e édition de la Journée mondiale du tourisme responsable. À travers des conférences, tables rondes et débats, la Coalition internationale pour un tourisme responsable (CITR) met l’accent cette année sur le thème suivant : “Sociales et solidaires, les valeurs d’un tourisme innovant!

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Faites de bio rêves

Voici un aperçu des hébergements présentant un intérêt écologique :

Hôtellerie

Hôtels au Naturel ()

Hôtels disposant de l’écolabel européen

Plein air

Camping Huttopia ()

Gîtes Panda (gîtes labellisés par le WWF) ()

À la ferme

Accueil paysan ()

Bienvenue à la ferme ()

Woofing : contre un coup de main sur une ferme bio, vous êtes nourris et logés ()

Habitats insolites

Yourtes (), cabanes dans les arbres ).

Dormir dans un arbre ()

Astuces

Troc de maison

Cough Surfing ou surfing de canapé (). Proposer un sofa pour une nuit permet d’enrichir son cercle de connaissances pour les uns et de voyager à moindre frais pour les autres.

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Infos pratiques

 : site d’information du routard responsable

: tourisme responsable et solidaire en région Paca.

Centres d’agro-écologie

 

 

 

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